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L’ALBUM

du grand piano à queue qui n’en pouvait mais.

Au surplus, mon succès était prodigieux. À Dakenshade j’étais proclamé d’une voix unanime le prince des poètes et le peintre du siècle. Tant de louanges m’avaient encouragé outre mesure. J’allais, j’allais. Les rimes ne me coûtaient guère et je ne me gênais pas avec elles. Je prenais toutes les licences poétiques possibles. Quant à mes paysages, je n’usais pas d’une moindre liberté. Je me moquais superbement des lois de la perspective. Arbres, maisons, rochers, chevaux et cavaliers, moutons et bergers, tout était de même taille et de même couleur ! Qu’importe ? Betty voyait là mille beaux effets que je n’avais nullement songé à produire, et que nul autre qu’elle assurément n’eût aperçus ! J’étais un Claude Lorrain en herbe ! Je promettais un nouveau Salvator Rosa. Malgré ma modestie na-