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LE NEZ ROUGE.

avaient pris plaisir à élever. Dieu de miséricorde ! c’était un nez qui surpassait en grandeur ce nez immortel décrit par Slawkenbergint. Et quant à sa couleur, puissances du ciel, une ravaudeuse irlandaise, qui boit régulièrement par jour ses six pintes de whisky, n’a eu de sa vie un nez de cette couleur !

Cependant notre héroïne n’était point de ces filles glorieuses qui ne voient en elles-mêmes que leurs mérites et sont aveugles quand elles regardent leurs imperfections. Certes, elle possédait assez de qualités du corps et du cœur, pour en être vaine. La fierté à certains égards lui eût été fort légitimement permise. Mais cette précieuse enfant avait fait les pas essentiels vers la suprême sagesse. — Elle se connaissait et se rendait justice. Elle comprenait qu’elle avait un gros nez rouge ; elle le savait et elle était humble ! Ah ! que le créateur n’a-t-il doué de