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— Le jeu me fatiguer, maman ! oh ! maman, je serais plus heureuse que la reine.

— Les reines travaillent, mon enfant. Oh ! maman ! vrai !… — Vrai, mon petit ange. — Elles sont donc bien à plaindre ! dit Marie avec un profond soupir. — Au contraire, le travail les dédommage souvent d’être reines. — Marie demeura confondue. Mais plus amoureuse que jamais d’un long espace tout vide de lecture et d’écriture, d’un jour de cent lieues à parcourir dans la danse, les papillons, les poupées, le soleil et tout ! Marie était palpitante de ce désir : l’eau lui en venait à la bouche, et riante et agitée, gracieuse et suppliante, elle recommença : — Oh ! maman ! quel bonheur de passer tout un jour sans rien faire ! — Je te le donne, dit sa mère en l’embrassant.

La respiration manqua à Marie ; puis elle rassembla ses joujoux ; sautant à pas entrecoupés comme son haleine. Elle prépara son univers à elle toute seule ; car ses sœurs, un