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de sa chère Lutine. Tu vois que les sangsues ont bien pris ! Lutine avait en effet huit sangsues, ou du moins huit petits morceaux de réglisse découpés dans la forme de ce laid et bienfaisant animal. Et il faut convenir que Lutine ainsi barbouillée, le bras vide, et lavée de toutes les potions qu’on lui avait fait boire, demeura dans un état de convalescence, dont les bons soins de la calme Albertine ne purent jamais la tirer entièrement. Monsieur Sarrasin déclara pourtant que cette convalescence serait célébrée par un banquet, où le docteur reçut en crêmes, en biscuits et en darioles le prix de sa cure merveilleuse.

— D’où provenait la maladie de Lutine ? demanda monsieur Sarrasin, moitié sérieux, moitié riant.

Le docteur mangeait et se reposait sur ses lauriers. Augusta répondit avec vivacité que Lutine avait fait son malheur elle-même, qu’elle se serrait dans son corset de