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l’enfant des champs-élysées.

rougeur progressive ; il avait entendu le bêlement des chèvres ; sur quoi, pointant son doigt du côté d’où le bruit arrivait, tandis que sa poitrine se gonflait de plaisir, il ne put articuler que bien bas cette nouvelle preuve de sa mémoire : « Voilà Nanine ! »

— Allons voir Nanine, repartit Zolg en le descendant joyeux dans ses bras.

— Toi, tu la verras ; moi, je la toucherai, dit Michel.

Sa mère, percée au cœur de ce mot simple et triste, le suivit avec Rosa jusqu’à la porte de l’étable, d’où l’on fit sortir les chèvres. L’une courut aux branches de la haie, l’autre au seuil fermé par un grillage ; la troisième grimpa contre la vigne qui pendait au mur ; mais Nanine poussa un bêtement sauvage qui fit tressaillir l’enfant de peur et de joie. Sans qu’il fût besoin de l’appeler, elle bondit au-devant de lui, mettant sa tête chevelue sous le nez de son nourrisson, qui l’étreignit et la baisa longtemps.