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autres. Elle marchait devant eux par la peur de s’égarer encore ; par la défiance de s’obéir à elle-même, qui n’avait pas su se commander. Ses yeux ne lui servaient plus qu’à regarder ; mais, quant à juger, discerner et choisir, ceux de sa mère en étaient la vraie lumière : elle n’y voyait plus que par eux.

En ce moment, tous les jardins étaient en fleurs, les chemins verts ; puis les jours se levaient et se couchaient, changeant la teinte des arbres, des rues et du ciel, et rien ne changeait dans la dévorante immobilité de l’absence de Michel. C’est au milieu de ces bienfaits et de ces tristesses qu’elles se préparèrent au petit voyage qui conduisait annuellement cette veuve par delà Vincennes. Elle allait y régler elle-même avec des fermiers les produits de la culture des terres qui faisaient tout son patrimoine et celui de ses enfants. Ce départ rappelait au vif la disparition de Michel. Suivant sa mère, s’éloigner de Paris, c’était quitter le poste où son cœur était