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l’enfant des champs-élysées.

ronces. Elle releva son front qui, si jeune encore, se couvrait déjà de cheveux blancs. Elle loua Dieu qui lui laissait la vie pour accomplir sa tâche. Et quelle tâche ! Celle de pardonner à une coupable telle que Rosa ! Quel devoir ! celui de conserver un pareil amour pour élever Michel, s’il vivait ; un pareil amour pour le pleurer, s’il ne vivait plus. La mère et la fille se tinrent donc près l’une de l’autre, comme deux prières vivantes que le silence et l’abandon ne décourageaient pas.

Il est presque inutile d’appuyer sur un fait dont nous venons de lire la preuve : c’est que la turbulence de Rosa se trouvait subjuguée par un repentir si vrai, qu’il était devenu de la raison. Cette raison douloureuse avait été greffée, pour ainsi dire, sur un cœur plein d’énergie, palpitant de l’instinct hâtif de la domination. L’énergie seule lui restait pour aimer et soutenir dans ce cœur l’inébranlable volonté d’obéir. Elle ne croyait plus en elle, mais dans les