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l’enfant des champs-élysées.

— Oh ! j’ai ton âge, maman, puisque j’ai l’âge où l’on souffre ! Et j’ai souffert, va ! Tous mes jours depuis ce soir-là, je les ai bien soufferts ! Laisse-moi te le dire pendant que je l’ose. Une fois que je rentrais, que j’étais lasse, que j’avais faim, et que tu fus contente de voir que j’avais faim, et que ta bonté, comme pour lui, me choisit de ce que j’aimais, je me jetai sur ces choses avec tout mon appétit réveillé. Puis, je ne sais quoi, comme un couteau, me traversa l’estomac. Devine !… c’était de manger seule ces fruits et ces gâteaux que tu me donnais ; et je les trempai de larmes, et j’eus honte, et je courus donner tout à nos chèvres, à sa Nanine. Depuis ce temps-là, je n’aime plus à manger.

— Et voilà donc pourquoi tu as pris les gâteaux en aversion ?

— Oui ; j’ai bien souvent prié mon ange gardien de porter à mon frère toutes ces choses dont je n’étais plus digne.