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avec cet amour si rarement éprouvé, si rarement partagé, et je crois qu’il l’est par mon Prosper, par l’ami de ma vie entière. Au revoir, on appelle ma lettre. Ta femme, ta Line, ta maîtresse chérie et fidèle. Mille amitiés à maman.

VII


À MADEMOISELLE MARS

Bordeaux, le 28 septembre 1825.

Si j’attendais pour vous écrire que vous respiriez de vos triomphes et des hommages dont vous êtes entourée, je ne m’y hasarderais plus, mais l’habitude fait que vous n’en êtes pas étourdie, et mon père m’a donné la joie d’apprendre que vous vous êtes ressouvenue de moi. Depuis que nous sommes à Bordeaux, je rêve de six mois en six l’espoir de vous y voir arriver, parce que ce bruit court dans le public, et qu’il n’intéresse ici personne plus que moi. À quoi tient-il donc que ce soit toujours une fausse joie ? Est-ce parce que je le désire trop vivement ? J’en ai peur, car tout va de travers dans ma vie, et si vous renoncez pour toujours à vous en mêler un peu comme vous me l’aviez promis, je la passerai toute entière errante et incertaine. Je ne vois pas sans quelque frayeur les