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Ma lettre ne partira que demain. Tout se fait par siècles dans les campagnes. Et quand recevrai-je la tienne ? Dimanche… ce dimanche est au bout du monde. Non, jamais plus je ne te quitte, allons partout à deux, car tu es tout à moi, et je suis toute, toute à mon ami. Tantôt, j’irai voir notre lien d’amour, et je t’en parlerai encore avant de fermer cette lettre. Voici un homme qui se charge de la porter à Dreux. Tu la recevras donc un jour plus tôt, et je la lui confie. Réponds-y bien exactement, cher Prosper, réponds à tout ce que j’éprouve et pense partout et toujours à ta Line qui t’aime pour la vie entière.

VI


À SON MARI

(23 mars 1820) au matin La fortune, comme tu le dis, n’est pas prodigue, mais elle cherche peu les amants, ils ont, en effet, tant de dédommagements à ses caprices ! Ne nous plaignons pas, car je te jure qu’Hippolyte Prosper se porte bien et qu’il m’a ri comme un petit ange. J’ai baisé hier ses jolis pieds de roses. Il sera grand comme toi, et impatient !... comme nous deux. Il veut ce qu’il veut, il l’exige à haute et intelligible voix. La dissimulation, je crois, lui sera très étrangère. Et nous lui lirons la Bible et l’Évangile pour que sa belle petite âme soit