Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous aimer ! d’être uniquement aimée de vous ! L’enchantement de nos premiers regards ne sera donc pas détruit ? J’oserai les fixer à présent, y lire ma destinée, un avenir chéri, la promesse tendre et solennelle du lien qui va nous unir !… O Dieu ! si je suis craintive, il faut pardonner ce sentiment, c’est l’amour même qui tremble devant l’amour. S’il est timide dans ses aveux, dans ses espérances, vous savez bien qu’il n’en est que plus parfait et plus fidèle. Tous les jours de ma vie en laisseront une preuve dans notre souvenir, mon bien aimé ! Oui, ce soir, nous nous verrons. — Quelle douceur d’y penser ! Toute ma mélancolie s’effacera encore. — Dieu qui nous aime, ne veut pas d’un nuage sur la plus douce réunion. Votre mère sera donc la mienne ! Votre père va donc remplacer celui que je pleure encore !… Savez-vous comment je le chérirai ?… Dites que vous le savez bien ! Mais moi, m’aimeront-ils ? — Oh ! demandez-leur de m’aimer, de commencer dès à présent pour ne jamais finir. Adieu. S’il est vrai que nos âmes s’entendent, devinez ce qu’il m’en coûte pour vous dire adieu. Devinez ce que j’éprouve en vous disant : à ce soir ! Il faudra me rendre compte de tout cela, pour voir un peu si nous serons d’accord dans l’avenir.

M. DESBORDES.