Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

latente d’un état maladif que leur apparence de santé ne pouvait laisser soupçonner. Ondine surtout, vive, spirituelle et gaie, mais d’une gaîté nerveuse, plutôt extérieure, n’avait pas cet abandon confiant si doux aux mères. Cependant, à la suite d’un de ces voyages en Angleterre entrepris pour fortifier sa santé, elle ouvre son cœur à sa mère. Et celle-ci répond à un de ces épanchements : « Dans une vie aussi haletante que la nôtre, où prendre le temps d’un récit, d’une confidence. Tout s’y jette par larmes, par sanglots, par une étreinte passionnée qui n’a rien dit, mais qui a empêché de mourir. Avec toi surtout, j’ai vécu de silences forcés. Je croyais les devoir à ton repos, à ta santé. J’ai fait ce que j’ai pu pour tourner toujours du côté du soleil ; la nuit même, en t’appuyant à mon cœur, et te cherchant : « Cachons-nous ! Cachons-nous pour avoir bien chaud ! » Ce qui doit apaiser ta charmante colère contre M. Alex. Dumas, (cette colère qui m’a fait entrevoir un moment le ciel d’une mère, le cœur de son enfanit soulevé en sa faveur), c’est que ce n’est pas ici dans ce monde comme il est fait, qu’il faut prétendre être jugée suivant ses vertus et ses fautes… » (Lettre CLXXIV).

Moins froide qu’Ondine, mais plus fantasque, Inès avait de longs silences, suivis d’une agitation fébrile, inquiétante, que la mère attribuait à une croissance difficile. La