Page:Desbordes-Valmore - Correspondance intime 1.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout en continuant les démarches en faveur de son mari, Marceline restait à Paris pour s’assurer le maintien de la modique pension qu’elle touchait, en quialité de poète, sur la cassette du roi. Elle cherchait aussi à publier ses romans, qui, par suite des exigences de certains libraires, ne lui rapportaient presque rien. Cette existence séparée des époux, les jeta dans cet état de pauvreté, parfois extrême, qui pesa sur eux jusqu’au dernier jour. Il fallait que la misère fût à son comble pour que Marceline écrivît à leur ami, M. Félix Delhasse, cet appel si poignant, dans sa brièveté, mais si sûr d’être entendu.

3 décembre 1851.

« Si vous pouvez nous envoyer quelque argent, que votre cœur s’empresse. — Le moins sera beaucoup au milieu des choses formidables qui se pressent. Tout est paralysé dans une terreur mortelle. » Elle s’adressait à bon escient, et, aussi simplement qu’elle avait demandé, aussi simplement elle remercia : « Ecrivez-nous, cher et bon ami, afin que nous soyons du moins sûrs de votre santé, comme nous le sommes de votre amitié… Qu’il vous soit doux, pour le moment, d’apprendre que vous avez épargné une grande angoisse à notre cœur. Que pouvons-nous écrire que vous ne deviniez. »