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Ce fut au Théâtre de l’Impératrice (Odéon) que Marceline débuta au mois d’avril 1813, et qu’elle s’y fit applaudir pendant deux années. Puis, elle quitta Paris pour Bruxelles où elle fut engagée le 15 août 1815. Elle trouva, à son arrivée, Albertine Gantier, son amie d’enfance, Albertine mariée, Albertine qu’elle devait voir mourir bientôt.

Le seul bonheur de sa vie, à cette époque, c’était son fils, « gage adoré » d’un amour qu’elle avait maudit sans pouvoir l’oublier, et ce bonheur devait lui échapper bientôt. L’enfant tomba malade ; pendant deux mois, elle le disputa vainement à la Mort.

« J’ai tout perdu ! mon enfant par la mort,
 Et... , dans quel temps ! mon ami par l’absence
 Je n’ose dire hélas ! par l’inconstance
 Ce doute est le seul bien que m’ait laissé le sort !»

Ce coup terrible terrassa Marceline. Privée du faible appui qui la soutenait encore, elle tomba « prosternée ».

« Mon ami, écrivait-elle à son frère quelque temps après (17 juin 1816), mon ami, tu te plains de mon silence, il est pourtant bien vrai que je t’ai écrit dans le moment le plus cruel !… mais non, non, pas le plus cruel, puisque j'avais encore une ombre d’espérance, et maintenant, tout est fini, je n’en ai plus. Je suis si anéantie de larmes, ma tête et mon cœur sont si en désordre que je ne