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I

Marceline Desbordes naquit dans une maison d’humble apparence, rue de Valenciennes, à Douai; une plaque commémorative, placée près d’une niche vide de sa statue, perpétue ce souvenir (a).

Toute sa vie, Marceline errante aima et regretta son toit natal :

"Maison de la naissance, ô nid, doux coin du monde !"

Elle y pensait dans ses heures de joie qui furent si brèves, dans ses heures de tristesse qui se succédèrent ininterrompues : l’église Notre-Dame était proche, entourée du vieux cimetière où les enfants du voisinage prenaient leurs ébats, couraient et riaient dans les grandes herbes, car les fleurs poussent et les oiseaux chantent , même sur les tombes. Du cimetière, on voyait la porte Notre-Dame, flanquée de ses deux tours, dont l’une servait de prison.

« ... le vieux prisonnier de la haute tourelle
« Respire-t-il encore à travers les barreaux. »

Et s’étendaient , autour de la ville, les promenades vertes et fraîches des fortifications, d’où l’on revenait les bras chargés d’une moisson odorante de fleurs sauvages, destinées à la Vierge.