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PRIÈRES.

Là, pour mon âme exilée,
Couvait un nouvel affront ;
L’eau bénite était gelée,
Et je me suis en allée,
Sans désaltérer mon front.

À travers les brumes grises
Qui resserrent l’horizon,
Dans la ville tout églises
Où Corneille eut sa maison ;
Parmi les fleurs, les fontaines,
Les clochers vibrans, les tours,
Les voilures toutes pleines
Des vents aux moites haleines,
Qui frôlent ses verts entours :

Dans ce pays aimé qui me fut trop barbare,
Donnez à mon image un coin rêveur et doux ;
J’ai bien assez pleuré l’arrêt qui nous sépare,
Pour que mon ombre au moins soit heureuse avec vous !