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PRIÈRES.

Tout ce qui passe, et qu’à peine je voi,
Me trouve seul… seul ! mais vivant encore
De toi !

Des arts aimés, quand l’essaim m’environne,
L’ennui secret les corrompt et m’atteint.
En vain pour moi la fête se couronne :
La fête pleure et le rire s’éteint.
L’unique asile où tu me sois restée,
Le sanctuaire où partout je te voi,
Ah ! c’est mon âme en secret visitée
Par toi !

La gloire un jour a distrait mon jeune âge ;
En te cherchant j’ai perdu son chemin.
Comme à l’aimant je vais à ton image :
L’ombre est si belle où m’attire ta main !
Ainsi qu’aux flots les barques se balancent
Mes ans légers ont glissé loin de moi ;
Mais à présent dans tout ce que je voi,
Mes yeux, mon cœur, mes vœux, mes pas s’élancent
Vers toi !