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PRIÈRES.

Et vous aviez rêvé, pour ne pas l’oublier,
Qu’aux arts un doux sabat venait de vous lier.

Mais votre ange gardien, vous couvant sous son aile,
Effrayé de ces dons pour votre âme éternelle,
Voilant votre front blanc, dans sa craintive ardeur,
L’imbiba pour toujours de divine pudeur ;
Et toujours, à travers l’impérissable voile,
Tout soir, à notre ciel, allumait votre étoile.
Qu’importe sous quel nom elle allait se montrer ?
Vous étiez la lumière, il fallait l’adorer !

Mais quoi ! les dieux s’en vont, Madame, et notre France,
Pour la première fois a vu sans espérance
Se refermer le temple où l’astre se voila,
Où tout dira longtemps : « Silence, elle était là ! »