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PRIÈRES.

J’avançais, je marchais de tristesse éblouie,
Tantôt sous le soleil et tantôt sous la pluie,
Attirée à l’éclat des cierges allumés,
Qui prêtent tant de grâce à nos rites aimés !

De sonores enfans les stalles étaient pleines,
Qui roulaient dans la nef d’innocentes haleines ;
Et Dieu seul entendit une plus humble voix
Qui chantait dans la foule et pleurait à la fois :


« Par le vent de l’exil de partout balayée,
Vraiment, je ne sais plus où je suis envoyée :
Oh ! les arbres du moins ont du temps pour fleurir,
Pour répandre leurs fruits, pour monter, pour mourir ;
Moi, je n’ai pas le temps. Ma tâche est trop pressée :
Dieu ! laissez-moi goûter la halte commencée ;
Dieu ! laissez-moi m’asseoir à l’ombre du chemin ;
Mes enfans à mes pieds et mon front dans ma main,
Je ne peux plus marcher. Je viens… j’ai vu… je tombe.
Je n’ai pris qu’une fleur là-haut sur une tombe,