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Chacun pense au présage, et, racontant son rêve,
Croit saisir du destin le voile qu’il soulève.

« Ce pauvre, couronné d’un illustre malheur,
« Pierre fut un guerrier, oui, tout porte à le croire :
« Chaque pli de son front cache un reflet de gloire,
« Et sa longue misère expia sa valeur.
« On brisa dans l’exil son génie et sa force,
« Son sein cicatrisé souvent nous l’attesta ;
« Comme un cèdre frappé garde sur son écorce
« Tous les coups impuissans que l’homme lui porta.
« Ne dira-t-il jamais ses tristes destinées ?
« Par qui de telles mains purent être enchaînées ?
« Mais le voilà paisible, il prie, il nous attend…
« Le présage est menteur, car il paraît content.
« Le voilà ! le voilà ! » Leurs cris touchent le sage ;
Il se lève : un grand calme est peint sur son visage.
Tous semblent écouter son sourire penseur ;