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Le plus beau jour s’éteint sur son œil expirant.
Quelquefois il rugit, il blasphême, il s’abhorre ;
Il cherche sur le sable un rare et vain sommeil ;
Son sommeil est l’enfer, l’enfer est son réveil ;
Son nom est le Lépreux… C’est notre frère encore !
Je l’ai nommé mon frère, et j’ai touché sa main ;
J’ai promis à sa honte une céleste gloire ;
L’infortune a besoin d’écouter et de croire !
Il croit, il se prosterne, il poursuit son chemin.
Chez l’homme qu’il effraie il n’a plus de patrie ;
Il en pressent une autre, il s’y prépare, il prie ;
Dans son jardin désert, il cultive des fleurs :
« Elles daignent, dit-il, éclore sous ses pleurs. »
Son souffle ne ternit leurs parfums ni leurs charmes.
Pour ces frêles trésors portez-lui quelques larmes ;
Allez ! une voix triste est chère aux malheureux ;
Elle est de leur tristesse un écho douloureux.
Sa pieuse corbeille à vos mains est offerte ;