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Sa main vous cherchera jusqu’au fond de l’abîme.
L’homme qui vous maudit a besoin de pardon ;
Dieu pour l’impitoyable a gardé l’abandon.
Qui ne porte en son sein l’amertume cachée,
L’épine douloureuse, à sa vie attachée,
De quelque repentir, vainement combattu,
Qui fait trembler l’espoir et gémir la vertu ?
Espérez ! écoutez la voix du pauvre Pierre ;
Le ciel, c’est la clémence, il s’ouvre à la prière.
Mais, ma fille, un vieillard qu’on fit long-temps souffrir,
S’il consentit à vivre, a seul droit de mourir.
Jeune, vous repoussez la coupe de vos larmes !
Le remords vous protége, et vous brisez ses armes !
Vous abrégez la route où vos pas sont comptés !
Vous rejetez vos ans sans les avoir portés !
Le mépris vous accable… ? ah ! j’en sais l’amertume ;
J’ai bu tous les poisons dont le fiel nous consume ;
Mais je peux rendre à Dieu mon ame qu’il forma :