Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 3, Boulland, 1830.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ne soit pas avec moi condamné sans retour. »
— « Quoi ! vous lui pardonnez ? » — « Dieu ! si je lui pardonne !
L’auriez-vous demandé s’il vous était connu ?
Je n’ai plus que des pleurs, eh bien, je les lui donne ;
Si j’avais eu le Ciel, il l’aurait obtenu !
Loin de rendre aux amours sa jeunesse attristée,
J’en suis sûre, il me cherche, il m’appelle tout bas.
Moi, prononcer son nom d’une voix irritée !
Mon père, il l’entendrait qu’il ne le croirait pas.
Pensee-vous que l’excès du remords qui m’accable
De deux infortunés sauve le moins coupable ?
Il le fut moins que moi, car j’aimai plus que lui ;
Jugez-en ; c’est pour lui que je prie aujourd’hui ;
C’est pour lui que je tremble à mon heure suprême ;
C’est pour lui que j’expire, ah ! jugez si je l’aime ! »
— « Ne parlez plus d’amour, lui dit Pierre, pleurez ! »
Il ajouta pourtant : « Pauvre femme, espérez !
Espérez ! Dieu l’ordonne en sa bonté sublime ;