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Rendez-moi cet air pur dont ma bouche est avide ;
Faites taire l’écho qui me nomme perfide ;
Obtenez-moi du ciel un moment de sommeil
Qui ne soit pas troublé par l’effroi du réveil ;
Un seul moment d’oubli !… Je serais trop heureuse ;
Mon père, il faut subir cette lumière affreuse.
Regardez sous mes pieds un abîme entr’ouvert ;
Dieu ! j’y vais donc souffrir tout ce que j’ai souffert ! »
« — Qu’y voyez-vous ? » — « Ma faute au grand jour dévoilée ;
Des regards curieux attachés sur mon front,
Et des rires affreux proclamant mon affront.
J’y vois une coupable… ! Oh ! qu’elle est accablée !
À sa honte qui pleure on arrache un bandeau ;
Elle veut se cacher, ses mains sont enchaînées ;
Sur ses pas chancelans des ombres acharnées
Répandent la lueur d’un horrible flambeau.
Elle tombe à genoux ; quelle foule autour d’elle !
Entendez-vous crier : Infidèle ! infidèle !