Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 3, Boulland, 1830.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Je suis l’homme qui passe, après un jour de fête,
« À travers le banquet sans convive : il s’arrête ;
« Il n’entend d’autre bruit que le bruit de ses pas.
« Je regarde, j’écoute, et je compte tout bas
« Les places du festin sitôt abandonnées,
« Tous les flambeaux éteints, toutes les fleurs fanées,
« Tous les tombeaux sans noms, tous les échos sans voix ;
« Et je crie : Où sont-ils mes amis d’autrefois ?
« Et toujours, quand la nuit glisse sur ma paupière,
« Avant que ses pavots assoupissent mon cœur,
« Ma mémoire m’oppresse, et jette sa lumière
« Sur mes premiers beaux ans, sur mon lointain bonheur. »

Au jardin de l’hospice, où règne un frais ombrage,
Où des zéphirs plus purs ravivent son courage,
Une jeune malade allait traîner son sort,
Et chaque jour ses pas y languissaient encor.
Elle ne souriait qu’à travers un nuage ;