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Se peignaient dans ces mots :

« Quand la nuit sans sommeil glisse sur ma paupière,
« Avant que ses pavots assoupissent mon cœur,
« Ma mémoire m’oppresse, et jette sa lumière
« Sur mes premiers beaux ans, sur mon lointain bonheur.
« Je revois ma jeunesse, et ses jeux et ses charmes ;
« Ma mère à son foyer, son sourire, ses larmes ;
« Une chaste beauté, qui fut mon seul amour,
« Et qui ne m’attend plus qu’au céleste séjour ;
« Ces yeux, alors brillans du feu pur des étoiles,
« Où dès long-temps la mort a répandu ses voiles ;
« Tous ces cœurs palpitans, doucement abusés,
« À présent désunis, désenchantés, brisés !
« Dans ce tableau fuyant, quand mon ame troublée
« Contemple tant d’objets arrachés à ma foi,
« Je crois voir s’envoler, sur ma route isolée,
« Des feuilles que le vent emporte devant moi.