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On m’arrêta fuyante ; et, craintive, à ma mère
Je fus à jointes mains conduite vers le soir.
Ô mère ! trop heureuse encor de me revoir !
Sa tremblante leçon ne me fut point amère ;
Car, de mon front coupable en détachant les fleurs,
Pour cacher son sourire elle baisa mes pleurs.

J’oubliai mon voyage ; et jamais ta souffrance,
Vieux captif ! et jamais ton doux nom, Liberté !
Et jamais ton pardon de mon cœur regretté,
Ma mère ! et ton beau rêve envolé, belle France !
Et la leçon : « Ma fille, où voulez-vous courir ?
Votre idole n’est pas où vous pensez l’atteindre.
Un flambeau vous éclaire, et vous alliez l’éteindre :
Ce flambeau, c’est ma vie, et je n’ai qu’à mourir,
Si vous m’abandonnez. Pour vous, chère ingénue,
Livrée à des regrets que vous ne savez pas,
Sous le toit déserté, faible et traînant vos pas,