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Si mes pas chancelants tombent avant le soir,
Il est doux en fuyant de regarder la rive
Où naguère l’on vint jouer avec l’espoir.
Là, de la vague enfance un plaisir qui sommeille
Dans les fleurs du passé tout à coup se réveille ;
Il reparaît vivant à nos yeux d’aujourd’hui ;
On tend les bras, on pleure en passant devant lui !
Ce tendre abattement vous saisit-il, mon frère,
Le soir, quand vous passez près du seuil de mon père ?
Croyez-vous voir mon père assis, calme, rêveur ?
Dites-vous à quelqu’un : « Elle était là, ma sœur ! »
Eh bien ! racontez-moi ce qu’on fait dans nos plaines ;
Peignez-moi vos plaisirs, vos jeux, surtout vos peines.
Dans l’église isolée… où tu m’as dit adieu,
Mon frère, donne encore à l’aveugle qui prie ;
Dis que c’est pour ta sœur ; dis, pour ta sœur chérie ;
Elle est triste, ta sœur ; dis qu’il en parle à Dieu !