Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 3, Boulland, 1830.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et ne répond que par des pleurs ?
Ciel !… un peu de ma vie ira-t-elle, paisible,
Se perdre sur la Scarpe au cristal argenté ?
Cette eau qui m’a portée, innocente et sensible,
Frémira-t-elle un jour sous mon sort agité ?
Entendrai-je au rivage encor cette harmonie,
Ce bruit de l’univers, cette voix infinie,
Qui parlait sur ma tête et chantait à la fois
Comme un peuple lointain répondant à ma voix ?

Quand le dernier rayon d’un jour qui va s’éteindre
Colore l’eau qui tremble et qui porte au sommeil,
Ô mon premier miroir ! ô mon plus doux soleil !
Je vous vois… et jamais je ne peux vous atteindre !
Mais cette heure était belle, et belle sa couleur :
Dans son doux souvenir un moment reposée,
Elle passe à mon âme ainsi que la rosée
Passe au fond d’une fleur.