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DIVERSES

Elle venoit du ciel, dont l’enfance est aimée ;
Je dansais avec elle ; oh ! je ne pleurais pas !
Elle m’avait donné son prisme, don fragile !
J’ai regardé la vie à travers ses couleurs.
Que la vie était belle ! et, dans son vol agile,
Que ma jeune Espérance y répandait de fleurs !
Qu’il était beau l’ombrage où j’entendais les Muses
Me révéler tout bas leurs promesses confuses ;
Où j’osais leur répondre, et, de ma faible voix
Bégayer le serment de suivre un jour leurs lois !
D’un souvenir si doux l’erreur évanouie
Laisse au fond de mon âme un long étonnement.
C’est une belle aurore, à peine épanouie,
Qui meurt dans un nuage ; et je dis tristement :

Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ?
Oh ! j’en parle toujours ! j’y voudrais être encor !
Au milieu des parfums j’y dormais sans défense,