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L’ARBRISSEAU

« Relève-toi, j’ai ranimé ta fleur.
« Je te consacre aux nymphes des bocages ;
« À mes lauriers tes rameaux vont s’unir,
« Et j’irai quelque jour sous leurs jeunes ombrages
 « Chercher un souvenir. »

L’arbrisseau, faible encor, tressaillit d’espérance ;
Dans le pressentiment il goûta l’existence ;
Comme l’aveugle-né, saisi d’un doux transport,
Voit fuir sa longue nuit, image de la mort,
Quand une main divine entr’ouvre sa paupière,
Et conduit à son ame un rayon de lumière :
L’air qu’il respire alors est un bienfait nouveau ;
Il est plus pur : il vient d’un ciel si beau !