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ROMANCES.


L’EXILÉ.


« Oui, je le sais, voilà des fleurs,
Des vallons, des ruisseaux, des prés et des feuillages,
Mais un ruisseau plus pur et de plus verts ombrages
Enchantent ma pensée, et me coûtent des pleurs !

« Oui, je le vois, ces frais zéphirs
Carressent en jouant les naïves bergères ;
Mais d’un zéphir plus doux les haleines légères
Attirent loin de moi mon ame et mes soupirs !

« Ah ! je le sens ! c’est que mon cœur
Las d’envier ces bois, ces fleurs, cette prairie,
Demande en gémissant des fleurs à ma patrie !
Ici rien n’est à moi, si ce n’est ma douleur. »

Triste Exilé ! voilà ton sort !
La plainte de l’Écho m’a révélé ta peine.
Comme un oiseau captif, tu chantes dans ta chaîne :
Comme un oiseau blessé, j’y joins un cri de mort !