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L’ADIEU DU SOIR.


Dieu ! qu’il est tard !… quelle surprise !
Le temps a fui comme un éclair !
Douze fois l’heure a frappé l’air,
Et près de toi je suis encore assise ;
Et, loin de pressentir le moment du sommeil,
Je croyais voir encore un rayon de soleil.
Se peut-il que déjà l’oiseau dorme au bocage !
Ah ! pour dormir, il fait si beau !
Les étoiles en feu brillent dans le ruisseau,
Et le ciel n’a pas un nuage :
On dirait que c’est pour l’Amour
Qu’une si belle nuit a remplacé le jour.
Mais il le faut, regagne ta chaumière ;
Garde-toi d’éveiller notre chien endormi :
Il méconnaîtrait son ami,
Et de mon imprudence il instruirait ma mère.
Tu ne me réponds pas ; tu détournes les yeux.
Hélas ! tu veux en vain me cacher ta tristesse,
Tout ce qui manque à ta tendresse
Ne manque-t-il pas à mes vœux ?…