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d’un Ho-Kusaï. Nul plus que lui n’avait l’âme pour les sentir et pour les aimer ; mais il se dit, avec raison, que chacun doit faire son œuvre, c’est-à-dire exprimer sa propre émotion, et non point recommencer celle des autres. Il partait de ce principe que la loi du monde est le mouvement, que l’art, comme la littérature, comme la musique, la science et la philosophie, est continuellement en marche vers de nouvelles recherches et de nouvelles conquêtes ; que les découvertes de demain succèdent aux découvertes d’hier, et qu’il n’y a point d’époques définitives comme le croit M. Renan, ni d’hommes sacrés en qui se soit à jamais fixé le dernier effort de l’esprit humain.

M. Claude Monet admira ces gloires du passé et ne s’y attarda pas, de même qu’il ne s’était pas attardé dans les ateliers des professeurs contemporains. Il regarda la nature où dort encore le trésor du génie que le souffle de l’homme n’a pas réveillé ; il vécut en elle, ébloui par l’inépuisable magie de ses formes changeantes, de ses musiques inentendues, et il laissa courir, vagabonder son rêve sur le léger, le féerique rêve de lumière qui enveloppe toutes les choses vivantes et qui fait vivre toutes les choses mortes de la vie charmante des couleurs. Il ne voulut point d’autre maître qu’elle.

Si bien doué que l’on s’e sente, si peu porté que l’on soit à l’imitation, un jeune homme, dans sa