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De M. des Roches.

3.


Tout ainsi que l’on voit le maistre de Platon
Recherchant les effets par les premieres causes,
Transformer l’argument en cent Metamorphoses
Par l’anneau de Giges & l’armet de Pluton :
Ainsi tu m’affranchis de la main de Clothon
Par tes vers admirez plus beaux que nulles choses.
Tu faits d’un froid hiver le prin-temps & les roses :
Et dans tes mots dorez tu change mon leton.
O hommes bien disans, dont les vertus exquises
S’honorent à l’enuy des sciences acquises.
Laisse voir de tes vers la divine clairté.
Voy tu pas que Phebus les cherist & embrasse ?
Calliope voyant le parfait de leur grace,
Les pend au saint Autel de l’immortalité.

4.


J’ayme plus que jamais mon vivre solitaire.
J’ayme plus que jamais la douce liberté.
J’ayme plus que jamais ce que j’ay enfanté.
J’ayme plus que jamais ma jeune secretaire.
J’ayme plus que jamais n’avoir aucun contraire.
J’ayme plus que jamais l’honneur & la bonté.
J’ayme plus que jamais la grace & la beauté.
J’ayme plus que jamais un agreable taire.
J’ayme plus que jamais un discours à loisir.
J’ayme plus que jamais un loüable plaisir
J’ayme plus que jamais la dame bien aprise.
J’ayme plus que jamais le labeur des neuf sœurs,
Et de tes saints propos les merveilleuses douceurs
Qui demonstrent l’effait de ta belle devise.