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Imitations

Du Lyon & du Loup : la nature sauvage
Tournoit aux animaux : le rocher endurci
Despitoit tel silence & la forest aussi
Dont les arbres suivans la lyre Thraciene
Sembloient avoir quitté la durté ancienne.
Mais depuis que Hercule ayant laißé Argos
De sa main-porte-paix eut porté le repos
Au peuple Thracien chastiant la furie
De ce cruel Tyrant qui postposoit la vie
De l’homme raisonnable à celle des chevaux,
Le divin oubliant tous les passez travaux
Pour le bien survenu de cest aise publique
Remis sus les accords de la douce musique :
La corde rehaussee & le doigt tremblotant
Arrestent de l'Hebrus le fleuve doux flotant.
Rodope humilié le haut sommet abaiße.
Ossa va secoüant la froide nege espaisse
Pour approcher son chef, qui sembloit si chenu.
Le peuplier descendant laisse Hemus tout nu.
Le pinier va tirant le chesne sociable.
Le laurier s'approcha, bien qu’il fust indontable
Aux flesches de l'Amour, & aux arts de Phebus.
Les moutons sautelans dedans les prez herbus
Avoisinent les loups : les dains suivent sans crainte
Les tigres sans fureur : le cerf ne fuit l'attainte
Du courageux lyon : Orphee par les champs
Semoit ainsi la paix aux douceurs de ses chants.
Il chantoit la rigueur d’une Meraste Austere,
Et le craintif souci d’une piteuse Mere,
Qui tremblant regardoit le Serpent estoufant,