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les trois règnes.

de toutes mes forces. L’Effraie ne s’introduit dans la demeure des Pigeons que pour s’y reposer ; elle leur demande simplement le toit et le couvert ; elle n’y vient point avec de mauvaises intentions ; elle s’y cache, voilà tout. Si la Chouette était réellement un ennemi du colombier ou même un hôte suspect, les Pigeons nous l’indiqueraient par leur émoi et par leur fuite, tandis qu’il est constaté qu’ils n’y font aucune attention, et leur calme en est la preuve la plus positive ; mais qu’un Épervier ou tout autre véritable oiseau de proie fasse son apparition, et soudain toute la bande de Pigeons se lève à la fois et manifeste la plus grande frayeur. »

« Jusqu’à ces derniers temps on avait toujours établi une distinction entre le cri et la huée des Chouettes. Il n’y a qu’une espèce de Chouette qui hue, et, lorsque je me trouve dans les bois après le départ des braconniers, environ une heure avant le point du jour, j’entends, avec un extrême plaisir, les notes perçantes, claires et sonores de cet oiseau, qui résonnent de près ou de loin à travers la montagne ou la vallée. Le cri de l’Effraie est bien différent de ces notes. On peut entendre ici ce dernier oiseau crier perpétuellement sur la tour et sur le grand sycomore qui se trouve près de la maison. Il crie également lorsque le clair de lune brille sur la vallée silencieuse et lorsque la nuit est sombre et nuageuse. Cette voix des nuits, toute triste qu’elle est, n’a rien de désagréable pour les oreilles qui aiment les grandes harmonies de la création. La nature n’étant que la réalisation extérieure des idées et des sentiments qui sont en nous, le cri de la Chouette répond aux notes brisées et lamentables de notre cœur. Je suis amplement récompensé de mes peines pour protéger et encourager les Effraies. Cet oiseau me paye cent fois de mes soins et de ma bonne volonté par l’énorme quantité de Souris qu’il détruit pendant l’année. Les domestiques de mon cottage ne désirent plus le persécuter. Souvent, par un beau soir d’été, je vois avec délice les villageois s’attarder autour du sycomore, afin de jeter un regard sur l’Effraie au moment où cet oiseau quitte le lierre de la tour. Heureuse mon amie la Chouette, si au lieu de s’exposer elle-même au danger des excursions dans le reste du pays, elle se contentait de passer les nuits dans ma tranquille vallée ; car ici le père de la nature, qui a pitié de moi, m’a appris à avoir pitié de tous les autres êtres vivants.


20. — Hibou grand-duc.

21. — Petit-duc.

22. — Effraie.

23. — Effraie. Strix flammæ. Linné.

24. — Hibou moyen-duc.

25. — Hibou ascalaphe.

26. — Chouette chevêche.

« Les fermiers finiront peut-être par être convaincus qu’ils ne doivent pas s’en prendre à l’Effraie de certaines disparitions de volailles et de Pigeons, et que les services si hautement vantés d’un Chat contre les Rats et les Souris sont loin de valoir ceux que leur rend cet utile et vaillant oiseau. Aussi y a-t-il lieu d’espérer qu’il arrivera enfin à obtenir la protection et l’encouragement auxquels il a des droits incontestables. » L’exemple du docteur Franklin a été suivi par les fermiers du comté de Sussex, et il serait à désirer que les fermiers de notre belle et riche France fussent aussi bien inspirés.

O. Desmurs.