Froissard, — au style duquel nous n’aurons garde de substituer le nôtre, — conte sur le château de Coarraze une fort jolie légende.
« En ce pays régnoit un baron qui s’appeloit de son nom Raymond et seigneur de Corasse-Coarraze. Or pour ce temps ce dit seigneur avoit un plaît en Avignon, devant le pape, pour les dîmes de l’église de sa ville, à l’encontre d’un clerc de Cathelongue, lequel clerc étoit en clergie très-grandement et très-bien fondé, et clamoit à avoir grand droit en ces dîmes de Coarraze, qui bien valoient de revenu cent florins par an. Et le droit que il y avoit il le montra et prouva, car, par sentence définitive, pape Urbain V, en consistoire général, en détermina et condamna le chevalier, et jugea le clerc en son droit. Le clerc, de la devraine sentence du pape, leva lettres et prit possession et chevaucha tant par ses journées, qu’il vint en Berne — Béarn — et montra ses lettres, et se fit mettre par la vertu des bulles du pape en possession de ce dîmage. Le sire de Coarraze ot grande indignation sur le clerc et sur ses besognes, et vint au-devant et dit au clerc : « Maître Pierre ou maître Martin, ainsi comme on l’appeloit, pensez-vous que pour vos lettres je doive perdre mon héritage. Je ne vous sais pas tant hardi que vous en levez ni prenez jà chose qui soit mienne, car si vous le faites, vous y mettrez la