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civilisation raffinée. C’est le Toxaris de Lucien, c’est l’Anacharsis de Barthélemy. Il sort d’une officine trop connue de barbares généreux et délicats, devant laquelle j’engage les poètes à passer rapidement sans s’y arrêter jamais. C’est là que vous avez été chercher votre héros, madame. Myrto, du reste, ne vaut pas mieux que Bactis. L’exaltation de sa parole, la brusquerie de son allure, lui donnent un air tout à fait moderne et nullement païen. Sa sensibilité est toute chrétienne, son amour tout romanesque ; elle donne à Bactis ce baiser que Fernande fait attendre à Maximilien jusqu’au dénoûment du Fils de Giboyer. Le langage de cette jeune fille n’est-il pas moderne, exclusivement moderne ? Quand elle offre au jeune homme sa délivrance, on dirait Atala proposant la fuite au fils de Chingapook ; ailleurs elle s’incline devant l’ascendant de Bactis comme votre Valentine.avouant l’excellence de Bénédict. Elle tient de vos héroïnes et des vierges de Chateaubriand ; jamais elle n’a rien eu de commun avec ces filles d’Attique naturellement pudiques, aimantes avec simplicité. Voyez comme les erreurs s’enchaînent. En nous annonçant une intrigue amoureuse, vous nous faisiez attendre un anachronisme perpétuel, le mélange de Ménandre et d’Aristophane, l’invasion de la nouvelle comédie dans l’ancienne. Ce n’était après tout que la grave erreur de ceux qui dans une fière tragédie de Corneille feraient passer des rôles langoureux de Racine. Mais que diriez-vous d’un arrangeur qui dans une action de Racine installerait les êtres fantasques et nerveux que nous a révélés Alfred