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de cité dans la poésie, en dépit de ceux qui, chez Théocrite comme chez les autres poètes grecs, cherchaient vainement l’antique à la David et n’eussent pas consenti à admettre, à Syracuse ou à Athènes, des scènes qu’auraient revendiquées les peintres flamands ? Mais si la satire et la poésie comique se permettent de pareilles peintures, pourquoi la poésie pure ne les souffrirait-elle pas ? Et qui oserait maintenant repro( her à Théocrite d’avoir introduit dans son œuvre une scène de la Comédie nouvelle ? Il s’est aventuré sur le domaine de Ménandre, mais ne peut-on pas dire de lui, dans cette circonstance, ce que disait de Ménandre le grammairien Aristophane : « O Théocrite, ô vie humaine, qui de vous a imité l’autre ? »

Quelques-unes des qualités du poëte syracusain nous ont souri dans ces poëmes. Mais c’est dans la poésie pastorale que vous les trouverez toutes à la fois, se déployant chacune avec son énergie native. Nous avons voulu montrer avant tout que Théocrite, par la diversité et la fertilité de son inspiration, était un poëte, dans toute l’acception moderne de ce mot. Il nous reste à faire voir combien il fut un grand poëte pastoral^).

Théocrite n’a pas d’égal dans cette forme qu’il a maîtrisée et comme asservie. Avant lui, Homère avait chanté la nature, mais sous une inspiration toute différente.

(1) Nous renvoyons le lecteur, pour la question des origines de YÊglogue proprement dites, à un excellent morceau de M. Egger : De la Poésie pastorale avant les poètes bucoliques. {Mémoires de littérature ancienne, 186S.)