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sans cesse, guettant leur proie et impatientes dela saisir. Malheureusement aussi ces colères s’abattirent moins sur les vrais coupables que sur les plus sincères des Montagnards, sur ceux auxquels s’est spécialement attaché l’auteur de ce livre. Quant aux séances de proscription où les noms jetés par une bouche délatrice sont aussitôt couchés sur la liste fatale, nous ne les flétrissons pas moins sévèrement que J. Claretie. Mais nous devons à la vérité de déclarer que la Montagne avait pris contre la Gironde l’initiative de pareilles violences, que les séances du 2 août et du 3 octobre 1793, où Carra, puis Ducos, Vigée, Fonfrède, sont décrétés sans être entendus, ne laissent rien à désirer aux séances thermidoriennes. L’histoire de la Convention répond à la définition que Pascal a donnée de l’homme : « Quelle chimère est-ce donc, quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction et d’erreur ! » Elle contient des abîmes de misère et des mondes de splendeurs, et cela à peu d’intervalles, quelquefois dans la même journée.

Il faut reconnaître que J. Claretie, en laissant dans l’ombre les derniers terroristes, a su mettre en lumière ceux qu’il appelle les « derniers Montagnards. » Tous ne commandent pas également la sympathie, mais tous excitent la pitié et le respect que l’on doit aux infortunes imméritées. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’avec les honnêtes gens des anciens comités et les plus purs des représentants en mission, ce petit nombre d’hommes formait alors l’élite républicaine de la Convention. Qu’un malentendu ne les eût pas séparés des plus