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LES MORTS DE PRAIRIAL.

Comme les œuvres de l’esprit, les époques historiques ont leurs destinées. On ne saurait imaginer avec quelle négligence les annalistes de la première République ont presque tous traité la période thermidorienne. Les uns se sont arrêtés à la chute des robespierristes, les autres ont hâté le pas pour arriver au Directoire : presque tous ont à peine daigné stationner dans ces mois intermédiaires entre la dictature du Comité de Salut Public et la pentarchie du Luxembourg. Est-ce lassitude ? Est-ce insuffisance de documents ? Pour la plupart, nous croirions encore à un tout autre sentiment. Parmi les oscillations de la mobile assemblée, quelques-unes peuvent soulever l’irritation et même le courroux de l’histoire ; les. agitations thermidoriennes mêlent à cette irritation et à ce courroux je ne sais quel ferment de dégoût dont jusque-là l’on n’éprouvait guère l’amertume. Aussi, nulle tâche ne nous semble plus apte à rebuter que celle dont J. Claretie a bien voulu se charger dans ses Derniers Montagnards. Nulle entreprise aussi n’est plus méritoire, plus digne de ces récompenses de l’estime