dans de certains milieux uniquement formés d’honnêtes gens ? Est-il invraisemblable de reproduire sur la scène ces assemblages d’heureux naturels que nous offre la réalité ? Marivaux s’est donc plu à mettre auprès de ses jeunes hommes, de ses jeunes filles, des valets fidèles, dévoués, honnêtes enfin. A peine s’est-il glissé quelques laquais taillés sur l’ancien patron. L’originalité recommande cette rupture avec la tradition. Il ne veut plus de ces fourbes légués par le théâtre antique, de ces Daves modernes, Scapin, Mascarille, Sbrigani, dignes d’achever leurs exploits sur les galères ; de ces Frosine ou de ces Nérine, femmes d’intrigue et promptes à tous les douteux métiers.
Les suivantes dans Marivaux sont généralement de très-jeunes filles, élevées avec leurs maîtresses, d’une naissance souvent supérieure à leur condition et de sentiments plus relevés que leur état. Telle la Lisette de VHéritier de Village, la Flaminia de la Double Inconstance, et surtout la Marton des Fausses Confidences. A de pareilles soubrettes il fallait trouver des valets qui ne fussent pas trop indignes d’elles. La comédie italienne a fourni ces valets à Marivaux. Le talent unique, la spécialité d’un acteur célèbre, lui ont peutêtre suggéré le type qu’il adopta et qu’il maintint constamment. Le fameux Dominique avait rendu populaire le personnage d’Arlequin. Marivaux l’adopta, et sous ce nom, sous ce masque, représenta la finesse aimante et naïve. Nous sommes bien loin de l’Arlequin moderne, devenu le jeune premier de la pantomime, volage, vagabond, conquérant des cœurs, Don Juan des