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Les Fausses Confidences nous exposent une situation plus complexe. Elles offrent quelque analogie avec une des œuvres les plus applaudies d’un heureux imitateur de Marivaux, M. Octave Feuillet. Un jeune homme pauvre s’est épris d’une jeune veuve riche : la fortune le sépare d’Araminte. Mais un penchant irrésistible l’entraîne vers elle. Pour se rapprocher de cette idole qu’il contemple avec une discrète ferveur, il entre dans la maison d’Araminte en qualité d’intendant. Le voilà en face de cette femme aimée, timide et tremblant. Mais un de ses anciens valets est attaché au service de la belle veuve. C’est ce Dubois qui prépare le succès de Dorante par des révélations habilement ménagées. Araminte ne se courrouce pas de tant de fidélité respectueuse. Bientôt même elle arrive à défendre le jeune homme accusé par toutes les voix, et, à force de le justifier, elle l’approuve et récompense par le don de sa main la délicatesse de son stratagème et la franchise de ses aveux.

J’arrive enfin au chef-d’œuvre de Marivaux, au Jeu de VAmour et du Hasard L’auteur y a mis toute sa vérité accoutumée, et je ne sais quel air de roman qui n’altère pas cette vérité. Sylvia et Dorante sont mutuellement fiancés par leurs pères, et comme ils ne se connaissaient pas, il leur est venu en même temps l’idée de s’observer sous un déguisement. Dorante prendra la livrée de son valet, Silvia les ajustements de sa soubrette’. La sympathie produit son miracle. Dorante, sous les habits d’un laquais, par l’élévation de ses idées et de son langage, inspire à Silvia un intérêt