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le triomphe définitif de la passion conciliée avec le devoir, tel est le fond des principales œuvres du maître. Les combats du cœur sont encadrés dans les actions les plus riantes. Indiquons quelques-uns de ces canevas aussi légers, aussi mignons que tous ces enchantements des yeux où se complaisait le XVIIIe siècle, trumeaux, dessus de porte, camaïeux, art frêle et délicat des pastels !

Prenons d’abord, par ordre de date, les Serments indiscrets. Deux jeunes gens, Lucile et Damis, sont promis l’un à l’autre par leurs parents ; et l’un et l’autre ont une répugnance irréfléchie pour le mariage, un effroi juvénile et divertissant. Ils se rencontrent donc dans ces dispositions d’enfantines alarmes, se croyant forts de leur double serment. Mais bientôt, entre Lucile et Damis, naît un attrait mutuel conforme aux vœux de leur famille, et les serments indiscrets se changent en serments plus raisonnables.

Le Préjugé vaincu met en scène une jeune fille noble et pauvre, recherchée a son insu par un homme riche, de haute bourgeoisie, lié intimement à son père, qu’il a maintes fois obligé. Angélique a le cœur excellent, la plus vive tendresse filiale, mille qualités, un seul défaut, un entêtement excessif de son rang et de sa naissance. Dorante, bien qu’appuyé par le marquis, père d’Angélique, n’ose pas s’ouvrir en son nom à la jeune fille ; il lui fait sa propre demande au nom d’un de ses amis. Quand Angélique connaît qu’il s’agit d’un bourgeois, tout son orgueil proteste. En présence de son père, elle apprend tout à coup qu’elle a refusé Dorante