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à la quenouille elle-même, fille de l’ivoire habilement ciselé, qu’il emporte à Milet, chez son hôte Nicias, pour l’offrir à sa femme Theugénis, infatigable au travail II anime, comme on le voit, cette quenouille voyageuse ; il lui prête la vie et l’intelligence en lui peignant ainsi les travaux qui l’attendent, en la félicitant de son active destinée. On dirait qu’il veut la rendre favorable à la maîtresse qu’il lui promet. On comprend aussi que cette ouvrière domestique va devenir la confidente des pensées laborieuses, la gardienne du foyer et même l’amie de toutes les heures. Tout n’est que grâce et que gentillesse jusqu’à ce dernier trait : « Voilà certes un petit présent pour une grande reconnaissance ; mais ce qui vient d’un ami est toujours précieux (1). »

Le Chant nuptial d’Hélène n’offre pas plus de rapports avec Yidylle. Quelques jeunes filles, compagnes de la Tyndaride, dédient des adieux enfantins et naïfs à leur amie, qui gagne le seuil de son époux :

« O belle, ô charmante jeune fille, te voilà épouse ! Nous irons encore courir au matin sur l’herbe des prairies, cueillant des couronnes odorantes et nous souvenant de toi, Hélène, comme des agneaux non sevrés qui désirent la mamelle de leur mère. Nous tresserons pour toi une couronne de lotus terrestre que nous suspendrons à un platane touffu. Sous ce platane, faisant pour toi une première libation, nous répandrons de l’huile liquide d’une fiole d’argent et nous écrirons

(1) Traduction de Leconte de Lisle, ainsi que pour les autres citations.