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justicière et d’hilarité vengeresse. C’est vraiment dans ces deux pièces, dans Égalité, dans le Châtie du parc détruit, que réside la plus importante nouveauté de ce livre, l’alliance du Lyrisme et de l’Esprit au service de la jeune raison humanitaire, du grand bon sens libéral ; combinaison splendide et salutaire qu1 doit exciter chez nous non-seulement l’admiration du dilettante, mais la reconnaissance du penseur.

Au milieu des effusions enthousiastes qu’ont fait naître en moi toutes ces pièces si philosophiques et si artistiques à la fois, une seule objection s’est élevée dans mon esprit : c’est le Chêne du parc détruit qui me l’a suggérée. Je suis Hugo dans le développement d’une idée excellente : un chêne, rendu à la vie sauvage par la destruction d’un parc royal, préfère sa solitude indépendante au voisinage bourdonnant des courtisans et des laquais. Aucun emblème n’est plus sain et plus instructif. Mais, par quel parti pris le chêne préfèret-il Denise àCélimèhe, et les baisers des « paysans rougeauds » aux ivresses enamourées d’Ariodant et de Lindamire ? L’idylle en sabots a ses laideurs aussi bien que le carnaval en talons rouges. Je ne vois pas nécessairement que l’âge d’or soit d’un côté, l’âge de fer de l’autre ; les amoureuses en falbalas n’étaient pas toutes Montespan ou Pompadour. L’entraînement de La Vallière vaut bien l’entraînement de Suzon. D’inductions en inductions poétiques on arriverait aisément à reconstituer une aristocratie villageoise ou faubourienne. Pas de castes, tous peuple ; telle est, selon moi, la devise moderne. Je ne crois donc pas que la vraie Iradition