que l’on pourrait appeler une philosophie de l’histoire littéraire. Il est à la fois ingénieux et logique de créer une tradition et une antiquité respectables aux opinions que l’on veut faire triompher des idées opposées d’Aristote sur le drame et de Platon sur la poésie. Si novateur que l’on soit et avec une juste fierté, on ne peut se résoudre à rompre avec le passé. C’est ce que n’a jamais fait Victor Hugo, quoi que prétendent ses calomniateurs intéressés. Il ne s’est détaché du chœur harmonieux des génies classiques que pour se rattacher à cette troupe immortelle des génies sublimes et démesurés. Et réellement il est de cette race, et non le moins grand ! Se considérant à bon droit comme l’anneau suprême de cette chaîne inspirée, il a renoué la chaîne devant nos yeux en déroulant la suite majestueuse de ceux qui sont les ancêtres de sa poésie et jusqu’à un certain point de son esthétique. Ainsi les exemples des maîtres anciens annoncent et d’avance autorisent les préceptes du maître moderne. C’est la marche qu’a suivie Victor Hugo : une revue de l’histoire poétique du monde précède l’examen et la solution des grands problèmes de l’Art, de façon à faire pressentir la méthode de cet examen et l’esprit de ces solutions. Pour se préparer à l’étude et un peu à la réfutation des idées de Victor Hugo sur l’Art, il suffit de parcourir la nomenclature de ceux que le poëte des Burgraves, avec une logique.impérieuse mais exclusive, appelle : « les Génies ! »
On sait que chacune des Communions chrétiennes a ce que les théologiens nomment un canon, tableau des