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que l’on est en droit d’exiger de M. François Hugo, traducteur de Shakespeare, ou de M. Taine, historien de la littérature anglaise. Un magnifique résumé, un large ensemble de faits et d’idées, voilà tout ce que nous demandions d’avance à cette brève partie d’un livre qui va plus loin que son titre ; voilà ce que nous avons trouvé et ce qui nous semble suffire à l’instruction du public et à l’enchantement de lecteurs plus exercés qui reconnaîtront avec une joie délicate leurs pensées habituelles transfigurées par le pouvoir de l’expression, ce charme, cette splendeur, cette magie ! Une idée générale, au toucher lumineux de ce génie, se revêt d’originalité et de grandeur. C’est Galatée à laquelle un Pygmalion, plus étonnant que l’antique sculpteur d’âmes, communique mieux que le privilége de la vie, le don miraculeux de l’éternité.

III

Si belles qu’elles puissent être, ces pages sur Shakespeare offrent donc un intérêt moins puissant que le reste du volume. Ce n’est plus ici l’œuvre fréquemment interprétée du plus grand des poëtes, c’est la poésie elle-même qui est en cause, c’est l’Art qui est mis en jeu. Nous avons ditqu’il y avaitlà toute une Esthétique. Chez les Allemands, le triomphe d’un système métaphysique implique l’apparition d’une histoire de la philosophie. De même une Esthétique, qui n’est pas autre chose que la métaphysique du Beau, suppose ce