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tout, vous ont trahie. Vous n’eussiez pas aussi bien rempli cette mission d’équité si le poëte n’avait occupé la première place dans votre cœur. Vous n’avez parlé avec cette justesse et cette hauteur que parce que vous aviez saintement aimé, dans le devoir et devant Dieu !

O voix légitime du grand poëte, qui devait se taire aujourd’hui, votre vibration, pour être nouvelle, ne nous est pas inconnue. Vous êtes la jeune fille glorifiée par les Odes, la jeune mère divinisée par les Chants du Crépuscule et les Voix intérieures. Rêve de son adolescence, idéal réalisé de toute sa vie, vous êtes la compagne de Victor Hugo dans tout le sens de ce beau mot. Et voici, ô femme de— tous les dévouements, qu’après avoir accompagné ce génie jusqu’à l’exil, vous avez voulu par un effort sublime le suivre devant la postérité et apparaître encore, après cette vie passagère, défendant et glorifiant la mémoire du frère de votre âme par votre estime, par votre admiration, par votre amour ! Mais aussi que le poëte vous a comprise et vous a devinée, et comme vous êtes bien, ô Justice, ô Pureté, ô Vertu, celle qu’il a désignée à nos respects dans une apothéose candide (1), des lis sur le front, des lis sous les pieds, lis vous-même, fleur parmi les femmes.. Date lilid !

Nota. —Depuis la publication de cet article, M » 1 Victor Hugo a cessé de vivre. Une grande âme n’est plus. Nous avons pu mesurer l’étendue de la douleur éprouvée par les vieux amis du maître au deuil que nous avons ressenti. Mais Mmc Victor Hugo a du moins laissé l’impérisable mémoire de ses vertus et de son dévouement. Les lis se sont changés en immortelles.

Voir la dernière pièce des Chants du Crépuscule.